La commémoration du centenaire de la disparition de Marcel Proust s’est traduite par une multitude de manifestations et une pléthore de publications, nouveautés et rééditions. Parmi les trois grandes expositions qui lui ont rendu hommage à Paris, celle de la BnF, « La fabrique de l’oeuvre » témoigne de l’engouement actuel pour l’archive, la découverte d’inédits, particulièrement en ce qui concerne Proust. Les Soixante-quinze feuillets furent la révélation de 2021, attendue depuis 1954 et rendue possible par le décès de Bernard de Fallois. Ils nous font revenir à l’origine de l’oeuvre qui était marquée du sceau de la biographie. Le volume Essais, publié en 2022, sous la direction d’Antoine Compagnon, dans « La Pléiade », confirme cet intérêt pour ce qui a précédé l’oeuvre publiée que nous connaissons. La préparation de l’oeuvre est ce qui intéresse les spécialistes de Proust. La mise en images de l’oeuvre de l’écrivain, mais aussi de celle qui l’accompagna, à savoir Céleste, sa gouvernante, séduit un nouveau lectorat. Les amateurs de Proust sont de plus en plus nombreux et éprouvent le besoin de se connaître via la toile : ils se regroupent grâce aux réseaux sociaux, échangent leurs expériences de lecture, partagent les connaissances acquises, les informations glanées ça çà et là. Les lectures publiques toujours appréciées renforcent ce nouveau rapport à l’écrivain, plus collectif, plus vivant, plus partagé. Le monde proustien n’est plus ce monde figé de la culture classique élitiste ; il est dans le mouvement et s’offre à tous.