Parmi les éléments de guidage qui permettent d’appréhender la ville en tant qu’entité reconnaissable, la signalisation directionnelle apparaît comme un des indicateurs les plus évidents. Non seulement elle balise l’espace urbain, mais surtout elle permet d’en structurer l’organisation presque par blocs mémorisables. Il s’agit donc d’un fort facteur d’identification. Il est facile de constater que la cartographie de circulation, assez souvent, n’est en réalité que la réplique presque parfaite de cette segmentation. Ce constat demeure y compris pour la plupart des guides dynamiques traduits désormais sous la forme d’applications numériques, Plan, Mappy, Apple maps, Here we go et différents autres outils GPS. Néanmoins reste le navigateur Waze. A l’inverse de l’ensemble des guides dynamiques, cette application se caractérise non seulement par sa capacité à réactualiser le parcours de circulation en temps réel, mais surtout à s’abstraire de toute segmentation préalable de celui-ci. Autrement dit, il n’y a plus de carte. Waze est une application de guidage dont le mode d’exécution est fondé principalement sur l’évitement in situ des obstacles. Pour la ville en tant qu’entité reconnaissable, une des incidences est l’affaiblissement des faits de mémoire, tant d’ailleurs pour le visiteur de passage que pour l’autochtone. En d’autres termes, des blocs reproductibles que permettaient la signalisation directionnelle, désormais ne semblent plus subsister que les faits de destination ou a minima les contournements. Notre proposition, purement théorique, vise à questionner les conditions sémiotiques d’un tel fait de signification et, en l’occurrence, quelle en est la conséquence sur la connaissance de l’espace spécifique de la ville.